Belfast – 24 Octobre 2022
Le Feu sous la Cendre.
Le Bloody Sunday, commémoré chaque année le trente janvier, est une plaie vive. Tout porte à croire que Derry et les catholiques irlandais n’en guériront jamais.
Les catholiques et les unionistes protestants se sont à nouveau affrontés dans le quartier de Falls road et de Shankill road, il y a dix jours de cela. La peur est toujours présente. Les tensions fortes se sont ravivées lors de l’instauration du Brexit. Belfast vit toujours cette séparation sur fond de haine, d’impossible réunification. Les communautés ne se côtoient pas, parfois seulement pour un accord sur la modification de l’horaire de fermeture des portes blindées qui isolent pour la nuit chacun des quartiers.
Nous avons échangé avec deux anciens acteurs des Troubles (terme officiel employé pour définir la guerre civile). L’un, membre de l’IRA, emprisonné durant 12 années, ami de Bobby Sand, et l’autre, soldat au sein du RUC, force de police irlandaise armée par les Britanniques pour assurer la répression contre les républicains catholiques. Ils se sont serrés la main, mais quelques minutes plus tard, l’ex-constabulary fait état de sa répulsion à l’égard de ce geste. Ils oeuvrent dans le cadre d’une démarche européenne suite aux accords de paix. Cependant, l’Irlande du Nord n’est plus incluse au sein de l’UE, et l’unioniste déclare son incapacité viscérale à toute réconciliation. Les catholiques font preuve d’une volonté affichée à construire les bases d’un vivre ensemble.
Les jeunes irlandais vivent chacun dans leur monde sans aucun contact. Les catholiques organisent des voyages en Allemagne afin de montrer qu’une réconciliation est possible, qu’une nation peut à nouveau se souder même difficilement. Cependant, la seule issue semble reposer entre leurs mains.
Une situation terrible non traitée par les médias, une conséquence insupportable de l’impérialisme britannique, l’histoire de l’Irlande du Nord s’écrit encore à ce jour dans une injuste violence.